• Thérèse Desqueyroux

    Titre : Thérèse Desqueyroux

    Auteur :François Mauriac

    Editeur : Le livre de Poche

    Genre : Classique

    Date de première publication : 1927

     

    Résumé : A Argelouse, petit village entouré de landes et de pins, les mariages sont arrangés pour allier les familles et réunir les terrains. Thérèse Larroque devint ainsi Mme Desqueyroux, femme singulière d'un homme ordinaire, enfermée dans sa solitude, piégée par le poids du clan et des intérêts, les convenances et les rumeurs.

    Ce roman envoûtant de Mauriac est celui d'une femme prisonnière, un être "coupé de tout, de tous les côtés",une héroïne sombre qui tentera ainsi, quoi qu'il en coûte, sans plus de scrupules, de se libérer du joug de son mariage et du destin qu'on lui impose.

     

    Avis

    Ce roman raconte l’histoire de Thérèse Desqueyroux, née Larroque et de sa tentative d’empoisonnement de son mari. L’histoire prend place juste après son acquittement quand Thérèse rentre chez elle, retrouver son mari (oui, oui !) et sa fille. Tout au long de son trajet, celle-ci va remonter le fil et l’on va comprendre comment elle en arrivée là. La seconde partie du roman concerne la confrontation avec son mari et les conséquences qui découlent de son acte.

    Le roman est extrêmement introspectif : mis-à-part très ponctuellement, on est dans la tête de Thérèse quasiment en permanence. J’ai énormément aimé connaître la personnalité de Thérèse, et suivre son évolution. Thérèse est un personnage qui m’a beaucoup marquée et que j’ai véritablement aimé. C’est une femme complexe, instruite, qui lit et s’interroge sur le monde (et sur soi) et  qui n’arrive plus se contenter de la vie « simple » qu’on lui propose. Elle est pour cela trop indépendante. Elle est ainsi terriblement seule, prisonnière des conventions sociales, poussée à se marier à un homme qu’elle n’aime pas et méprise. Dans cette société « paysano-bourgeoise » du début du XXe siècle, son avis est tourné en dérision et son éducation méprisée. Elle est à part de cette société (et surtout de sa belle-famille) car elle ne trouve personne ayant les mêmes centres d’intérêts qu’elle. Sa solitude intellectuelle est extrême, on sent chez elle de véritables tendances dépressives, et l’on ne peut que compatir à son sort. Thérèse a beau être quelqu’un avec des défauts (elle est très égocentrique, incapable d'aimer, souvent méprisante envers son entourage, sans scrupules et ne regrette pas son geste), je n’ai pu que la prendre en pitié et avoir de la peine pour elle.

    A contrario, son mari est quelqu’un de bon vivant, tourné vers sa famille. Il a priori tout du bon gars mais son étroitesse d’esprit associé à son incapacité à se mettre à la place de quelqu’un d’autre me le rendirent très vite antipathique. C’est là la force du roman : on plaint la coupable et on a tendance à mépriser la victime. J’ai eu très peu de compassion pour la victime.

    L’acte en lui-même (l’empoisonnement) n’est que très peu raconté. Juste quelques lignes par-ci par-là qui permettent de comprendre la teneur de ce qui s’est passé, mais l’auteur ne s’y attarde que très peu. Le passage est l’acte est raconté très brièvement, mais j’ai beaucoup aimé celui-ci. Thérèse glisse dans le meurtre sans véritablement y penser, avec une facilité que j'ai trouvé fascinante.

    La confrontation entre Thérèse et son mari est très bien faite. On comprend à quel point le couple est mal assorti et c'est à ce moment là que Bernard, le mari, m'est devenu complètement antipathique. J’ai aussi trouvé très intéressant de voir comment après l’acquittement de Thérèse (et aussi durant son procès), sa famille et belle-famille font tout pour sauver les apparences. Les désirs individuels sont totalement niés au profit de la famille et de sa respectabilité.

    J'ai adoré l'ambiance du livre. En se basant sur des non-dits (l'empoisonnement et le procès ne sont racontés que par brides), Mauriac rend l'ambiance lourde, pesante. Le côté dépressif de Thérèse et le lieu où elle vit (la campagne très reculée) contribuent aussi à cette ambiance.

     

    En résumé : Un livre que j’ai beaucoup aimé grâce notamment à son personnage principale, Thérèse Desqueyroux,  que j’ai adoré et qui va me hanter longtemps. J’ai eu de la peine pour elle malgré qu’elle soit la coupable, alors que la victime n’a éveillé que mon mépris.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 6 Mai 2016 à 13:57
    Bibliblogueuse

    J'ai adoré ce roman moi aussi (comme tous ceux de Mauriac que j'ai lus). Je trouve qu'il est d'une finesse psychologique extraordinaire et son style d'une extrême précision. Thérèse est un personnage très riche auquel on peut s'attacher facilement. Je l'ai lu il y a longtemps, merci d'avoir ravivé ce beau souvenir, ta critique me donne envie de le relire !

      • Vendredi 6 Mai 2016 à 16:35

        Je suis ravie de t'avoir remonter ce beau souvenir alors ^^ C'est vrai que je n'ai pas parlé du style de Mauriac dans ma chronique mais je l'avais complètement adoré. Thérèse a été mon premier Mauriac, mais définitivement pas le dernier ^^

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :